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Frissons nocturnes

Amants exaltés, âmes contemplatives, somnambules, conspirateurs, hors-la-loi, personnages démoniaques, trépassés, fantômes et spectres : tous hantent les nuits de l’opéra romantique. Réceptacles de toutes les ivresses et de toutes les terreurs, les scènes nocturnes abondent désormais. Si on les rencontrait, au siècle précédent, dans le genre comique (à la faveur de multiples quiproquos comme dans Don Giovanni) et dans le genre tragique (au cours des actes infernaux), le romantisme ne se contente plus de séduisantes sérénades ou d’invocations macabres. Parallèlement au développement d’une nouvelle scénographie et à un nouvel usage des lumières au théâtre, il accorde de réelles valeurs esthétiques à la nuit lyrique ; et du Freischütz (Weber) à Werther (Massenet) en passant par Tannhäuser (Wagner), Macbeth ou Aida (Verdi), l’opéra ne cesse d’en exalter les vertus poétiques et pittoresques, les potentialités dramatiques et fantastiques, la symbolique très riche qui la transforme sinon en lieu mythique, du moins en refuge utopique.

Philharmonie de Paris