Ravel, Gaspard de la nuit

Le titre de ce fameux triptyque pianistique est celui d’un recueil de poèmes en prose : celui du poète romantique Aloysius Bertrand, dont l’écriture romantique et hoffmannienne frappa singulièrement Maurice Ravel. Le compositeur en tira trois pièces qui font partie des œuvres les plus jouées et les plus travaillées des pianistes. Tout d’abord parce que chacune d’entre elles constituent un fascinant univers à elles seules, conduisant de la féerie étincelante d’ « Ondine » à la sombre fantasmagorie de « Scarbo », en passant par le registre macabre du « Gibet ». Ensuite parce que cet imaginaire reliant les inquiétudes sous-tendant les contes enfantins et la conscience tragique de l’homme moderne lève le voile sur la personnalité si secrète de Ravel. Enfin parce que le compositeur a conçu cette œuvre comme un défi lancé aux pianistes : « Scarbo » tout particulièrement, voulu « plus difficile encore qu’Islamey de Balakirev », une partition alors réputée injouable... En renouvelant la technique de l’instrument de manière transcendante, Ravel a durablement transformé Gaspard de la nuit, dans la vaste chaîne des sommets du répertoire, en Everest pianistique.

Philharmonie de Paris