Beethoven et l'héritage romantique : honorer ou tuer le père ?

Berlioz, Schumann, Mendelssohn, Brahms, Liszt ou Wagner : les principaux musiciens romantiques ont sacralisé Beethoven. Ils ont multiplié les hommages, statufié le génie, sanctuarisé son œuvre. Ils ont inlassablement interprété, transmis et transcrit sa musique. Mais il fallait aussi chercher à exister soi-même, en tant qu’artiste, à l’ombre de ce magistral modèle. Comment écrire pour le piano après la sonate opus 111 ? Comment envisager la musique de chambre après les derniers quatuors du maître de Bonn ? Et que dire après la Neuvième Symphonie ? Si les compositeurs romantiques contribuent à faire de Beethoven leur père spirituel, chacun envisage de façon différente la filiation musicale : en imitant l’esprit ou la lettre de son œuvre, en poursuivant l’expérimentation formelle et sonore, ou encore en dialoguant avec sa musique. La question de l’héritage beethovénien se posera en réalité jusqu’au début du XXe siècle : faudra-t-il alors tuer le père ? 

Philharmonie de Paris